dimanche 16 août 2020

V comme Venise vide

                                      Ironie : Les inactuels

                       Interrogation Critique et Ludique n°203 – Juillet/Août 2020                                                                       http://ironie.free.fr – ISSN 1285-8544                                  

                       IRONIE : 51, rue Boussingault - 75013 Paris





Vide.
Venise est vide.
La place Saint-Marc n’est plus qu’un désert de pierre.
Les vaporetti, des bateaux esseulés.
Les cafés, des comptoirs abandonnés.

Je retrouve la Venise de mon arrivée,
il y a une trentaine d’années,
une Venise en plein creux de vague,
mais parcourue essentiellement des pas sonores des Vénitiens,
admirée des seuls voyageurs véritablement amoureux d’elle,
encore ponctuée d’épiceries, boulangeries, boucheries,
résonnante de son doux dialecte
belle à en mourir.

Emplie de vraie vie le jour, mais endormie dès le crépuscule.

Aujourd’hui, cependant, elle est endormie même en plein jour,
sous tout ce soleil gaspillé,
et profondément triste, même sous le ciel grec qui l’inonde de bleu.

Ses amants de la terre entière ne sont plus au rendez-vous.
Ses rares passants la sillonnent furtivement,
regards baissés, bouches bâillonnées.

Au moins ce Néo-Décaméron est-il l’occasion de ranger les idées
et les maisons... Un nettoyage de Pâques anticipé.

Les jours ne passent pas, ils s’étirent.
Les nuits ne leur succèdent pas, elles en prolongent la lenteur.

Ces semaines entières de dimanches créent une nouvelle bohème ;
écrivent de nouvelles berceuses, pour les petits et les grands.

Silence de neige,
Que ne viennent briser que les carillons réguliers des cloches.
Le temps sacré, lui, ne s’est point arrêté...
ni la nature, qui a fait soudainement renaître le cerisier derrière chez moi :
immense boule de neige qui fait sourire les yeux.

Les eaux sont redevenues calmes,
Mais ne s’y reflètent désormais que des fenêtres fermées et des portes closes,

Closes comme les lèvres qui n’osent plus dire l’amitié et l’amour des choses.

Mais peut-être ce temps suspendu aboutira-t-il à la renaissance du désir ?
Et tout redeviendra précieux, comme les anciennes oranges de Noël ?

En attendant,
le printemps est là, avec sa douceur si douce de l’air,
et ses fleurs qui fleurissent dans les jardins secrets.

Les oiseaux sont là, qui chantent leurs chants de vie et de promesses.

Mais le cœur n’y est plus.

20 mars 2020 - Premier jour de printemps

                                                          ***

Les eaux restent calmes, mais moi je suis saisie de vertige.
Je ne sais plus ce que je veux.
Je voudrais prolonger indéfiniment cette vie fusionnelle à l’intérieur,
Et en même temps, revoir au plus vite les êtres de mon cœur,
Mais j’ai peur de ne pas les retrouver entièrement.

Je voudrais recommencer à sortir,
Mais j’ai peur de retrouver une ville futilement agitée.

Je voudrais retourner au soleil,
Mais j’ai peur de ne plus retrouver cette sensation subtile de désir caché derrière les fenêtres.

Une chose est sûre : je n’ai pu accomplir cette année mon mauve pèlerinage des glycines de Venise,
Mais sans doute n’en seront-elles que plus belles au prochain avril...

12 avril 2020 - Jour de Pâques

                                                             ***

Fini le temps des oxymores ?
Des séparés-mais-unis
Des réalités-de-chien... mais tout ira bien !

Les gens s’ébrouent et font voler autour d’eux les cendres de Pompéi.

Est revenu, semble-t-il, le temps des rouges à lèvres et rouges à ongles,
des bagues et fonds de teint,

Mais aussi du réveil à éteindre chaque matin !

Pourvu que les villes se déshabillent de leur air sinistre de jour d’après
et ne soient jamais plus survolées par ces lugubres drones et hélicoptères.

Demeurent la paix et le silence,
mais un silence mêlé de vie,
et surtout, choisi.

Lundi 4 mai - Premier jour de déconfinement


                                                                                
                                                                                                              Gabriella Zimmermann

                                                              *****

                                                        
                                             Etendue mouvante

Tout est là de l’ossature physique...

Trouver la forme convenable pour que la pensée ne soit confondue ni avec l’érudition, ni avec la
rectitude scientifique.

Stationnant campo San Biagio... Je découvre à nouveau l’ouverture du champ marin, à l’entrée de
Venise... étendue mouvante d’une couleur d’un vert opale, qui se détache à la crête des vagues...
reflets perlés d’un vif-argent... sous le ciel d’un bleu de novembre.

Le plan liquide du canal de San Marco se divise à la pointe de la Dogana...
À droite, le Grand Canal. À gauche le canal de la Giudecca.
À droite, le rose pâle gothique et byzantin de l’architecture du palais des Doges.
À gauche, sur l’isola San Giorgio, l’élévation éblouissante et grecque de la basilique de Palladio. (...)
Venise est une cité dont il faut savoir prendre en considération les intrigues et dispositions particulières.

Marcelin Pleynet – Chronique vénitienne – 2010


                                                ________________________

                                          Restez à distance

Je crains tellement la parole des hommes.
Ils énoncent tout avec une telle clarté :
Et ceci s’appelle chien, et cela s’appelle une maison,
Le début est ici, et la fin est là-bas.

J’ai peur aussi de leur esprit, de les voir jouer avec la moquerie,
Ils savent tout ce qui sera et a été ;
Aucune montagne ne vaut plus leur admiration ;
Leur jardin, leur propriété sont juste à côté de Dieu.

Je répéterai toujours cette mise en garde et cette défense : Restez à distance.
Les choses qui chantent, je les entends de si bon cœur.
Mais que vous les effleuriez, les voici immobiles et muettes.
Toutes les choses, vous me les tuez.

Rainer Maria Rilke – 1898 – « Ich fürchte mich so vor den Menschen Wort »
Poème cité dans le dernier livre d’Hartmut Rosa, Rendre le monde indisponible, 2020


dimanche 21 janvier 2018

Fenêtres vénitiennes

 


 








 




 




Certains jours je choisis un thème, parfois ce sont les portes, d'autres les cours ou les puits aujourd'hui ce seront les fenêtres. Je pense que ce qui attire mon regard c'est d'abord la couleur,
l'harmonie avec les murs. Bien souvent les fenêtres sont très modestes, l'usure du temps les rend encore plus belles que celles d'un palais !
En voici seulement quelques unes prises dans Venise au gré des quartiers, d'autres ont été prises à Murano ou Burano...

mercredi 29 novembre 2017

Balade le long du rio San Trovaso...


Mon rêve c'est de voir un jour la glycine en fleurs ...


Mais ce jour là j'assiste à un déménagement, c'est toujours un spectacle à Venise !
L'armoire attirait le regard c'était plutôt insolite ...




Un peu plus loin quelques images depuis le jardin de la Pensione Accademia, la Villa Maravege
Les marches menant au Palazzo Contarini qui était fermé.



La grosse barque va servir à transporter le matelas, je n'ai pas vu la suite...


Le campiello Malipiero, mon poste d'observation ...




lundi 27 novembre 2017

Palazzo Mocenigo : Musée des tissus et des parfums

Très belle visite 


La famille Mocenigo a vécu ici jusque il y a peu de temps.  Le mobilier et les fresques datent de la deuxième moitié du 18 ème. Les salles sont décorées de tableaux, à la gloire des héros de la famille, le point d'orgue étant lorsque Alvise IV Mocenigo fut Doge de 1763 à 1778.
En 1787, à l'occasion du mariage du neveu du Doge avec Laura Corner (une autre illustre famille), on fit appel à Jacopo Guarana, Giambattista Canal et Giovanni Scajaro pour peindre les magnifiques fresques visibles aux plafonds des pièces. À noter aussi les portes en bois de bruyère et les corniches en bois sculptées et dorées.
Alvise Nicolo, dernier descendant, lègue en 1945 le palais Mocenigo di San Stae, à la Ville pour en faire un musée d'art en complément du musée Correr. À la mort de sa femme dans les années 60, la Ville reçoit aussi les pièces d'habitation du Piano Nobile.
Finalement, après de nombreuses restaurations et agencements incluant des oeuvres provenant d'ailleurs dans les 10 salles, le musée est ouvert en 1985 devenant le centre de l'Histoire des tissus et des costumes vénitiens, avec une importante bibliothèque spécialisée.
Le musée a été rénové et agrandi encore, pour rouvrir en 2013, avec 20 salles visitables au premier étage, avec une partie dédiée aux parfums (odeurs, fabrication, flacons précieux) très intéressante.
Source : www.venise-balades-visites-culture.com

Médaillon en trompe l'oeil sur plafond 

Détail du cadre du portrait du Procurateur Giulio Contarini 

Jolie fresque

Détail d'un petit bonnet en dentelle on dirait une méduse !!!

Enfilade de fauteuils dans un des salons

 Quelques costumes ...



Magnifique miroir

Magnifique console aux poteries chinoises...

La jolie salle qui contient plus de 50 gilets masculins brodés, très en vogue au 17e et 18e 







...Ambiance dans la bibliothèque où sont conservés 205 ouvrages d'archives...


🌸🌸🌸
 Puis nous pénétrons dans un laboratoire proche de celui d'un parfumer (muschiere)
flacons de couleurs sur les étagères




Je ferai un autre billet sur le musée, avec les photos de ma petite-fille, qui elle,  s'est beaucoup intéressée aux parfums, elle a noté sur son carnet de voyage tous les noms des plantes, senti tous les bouchons des flacons ...

Pendant ce temps là,  j'ai admiré à travers les vitrines des armoires à récipients,  la magnifique collection de petits flacons à parfums de toutes origines ...



Le tableau d'un chien se trouvant juste au dessus de l'orgue à parfums 
en noyer du 19e


En revenant sur mes pas ayant laissé Tosca à ses senteurs, tableaux de scènes vénitiennes sur le Grand Canal  ...



et portrait d'une famille aisée...


Un petit tour à nouveau vers le laboratoire, attiré par la transparence du verre




Exposition pendant la Biennale...




Sur la famille Mocenigo : même sans une mythologie inventée les faisant provenir d'Aquilée (berceau de la Vénétie avant les installations à Rivo Alto) les Mocenigo ont toujours joué des rôles très importants dans la République. Au-delà des 7 Doges élus (de Tommaso en 1414 à Alvise IV en 1763), ils furent des commerçants intrépides, et eurent des charges innombrables de Procurateurs, Ambassadeurs, Capitaine de la Mer ou de la Terre, Ecclésiastiques, ou Hommes de lettres. En particulier, Alvise  I Mocenigo fut le Doge de la bataille de Lépante en 1570.
La branche principale habitait San Samuele avec rien que 3 Palazzi magnifiques donnant sur le Grand Canal, et au début du 17 ème, Nicolo, frère d'Alvise I, décida de s'installer ici à San Stae.

Source  www.venise-balades-visites-culture.com

http://mocenigo.visitmuve.it
S'Croce 1992
vers S.Stae